1988 Octobre des Arts – Lyon (avec le Groupe Radical)

Cette exposition ne veut constituer qu'un fait divers !  Ici, par l'accumulation et "l'accrochage désordre" de 180 toiles de formats divers, dans un lieu anodin et sans aucune mise en scène, Radical montre de la peinture "non-objective". Radical donne à voir, accumule, banalise : il s'agit d'un véritable retour aux sources, visant seulement à présenter la production mêlée du Groupe Radical dont "la réalisation se fait banalement, sans fracture personnalisée", les trois peintres (B. Béraud, R. Orépük et C. Payan) étant persuadés que "l'idée de l'artiste créateur génial d’œuvres immortelles est pure mystification... que les artistes se doivent d'échanger leurs recherches afin de les intensifier... qu'une œuvre peut être pensée par un artiste et approfondie, prolongée, réalisée par un autre".

Interview de Charles Payan (par le Musée Saint Pierre Art Contemporain, Lyon) :

Charles, tu es le seul des membres de Radical à avoir créé pour l'évènement quelque chose de très différent de ce que tu faisais habituellement :
« Oui, j'ai réalisé trois types de travaux. Le premier, je l'ai pensé un peu comme un exercice et une négation de moi, Charles Payan, artiste. C'est une série avec un carré gris incliné et sur le pourtour trois couleurs dont j'ai réalisé tous les sous-ensembles différents possibles. »
C'est donc un travail de type sériel très différent de celui que tu faisais auparavant :
« La deuxième série correspond à un problème plus difficile à résoudre puisqu'il s'agit de la partition d'un carré en carrés tous inégaux. »
Ne crains-tu pas dans ces deux séries de travaux un petit peu trop de littéralité, ne crains-tu pas trop coller à la solution d'un problème ?
« Non car je réalise la pièce et c'est son intérêt plastique qui me la fait réaliser. Celle-ci sera présentée sous deux formes : d'une part la grille assemblée qui est un objet et d'autre part à côté, les carrés qui la composent et qui seront posés au sol, alignés du plus petit au plus grand. »
Pourquoi les montres-tu au sol?
« Je pense que leur différence sera plus visible au sol et l'arrangement permettra de constituer une espèce de progression. La troisième série a pour objet la mémoire, une fausse mémoire; c'est celle qui m'intéresse le plus. Il s'agit de travaux qui sont de vagues souvenirs de Malévitch réalisés au goudron sur carreaux de plâtre. »