Ces travaux prennent appui sur Google Street View (photos prises automatiquement et systématiquement dans le but d’offrir à l’internaute la possibilité de parcourir virtuellement les rues de villes).
Ici, pas d’auteur – pas d’artiste, pas de photographe – Aucune intention de montrer autre chose qu’un parcours. L’objectif n’a visé aucun sujet. Les sujets photographiés n’ont pas su qu’ils étaient photographiés.
Et sur l’écran, l’internaute parcourt très vite et distraitement ces rues, sans s’arrêter, sans même s’apercevoir que sont là des gens, des gens qui le plus souvent attendent.
Je me suis arrêtée dans ces abris-bus. Des silhouettes souvent floues reprennent vie. Il faut pour ça poser le regard, essayer d’arrêter le temps.
Ces vues fuyantes dans lesquelles je prélève quelques fragments deviennent, après agrandissement, des « peintures ». On traverse les époques.
La très faible résolution de l’image donne une illusion de « touche ». Parfois, des déformations projectives, des effets de traînée, des ruptures – reflet des cassures des êtres? – nous font retrouver une certaine modernité.
Peut-être, ces « images-peintures » nous révèleront-elles une certaine vérité sur ces fragments de vie rencontrés.
Sevdalina Preslava, 2017
